Ana
Blandiana, née en 1942, a écrit vingt-deux recueils de poèmes, de nombreux
ouvrages d’essais et plusieurs livres en prose. Ses poèmes, traduits dans une
vingtaine de langues, ont reçu maints prix littéraires roumains et
internationaux. En France, elle a publié Étoile de proie (ateliers du
Tayrac, 1991), L’église fantôme (Syros-Alternatives, 1992), Clair de
mort (Librairie Bleue, 1994), L’architecture des vagues (Ateliers du
Tayrac, 1995) et Autrefois les arbres avaient des yeux (Cahiers bleus,
2005).
Ana Blandiana est membre de l’Académie Mallarmé, de l’Académie
Européenne de Poésie et de l’Académie Mondiale de Poésie (UNESCO).
En
Roumanie, elle est la présidente d’honneur du PEN Club et la présidente de la
Fondation L’Académie Civique.
traduction
Ana
Blandiana
(Roumanie)
Tout
... Feuilles, mots, larmes
Boîtes de
conserves, chats
Des tramways parfois, files d’attente pour acheter de la
farine
Coccinelles, bouteilles vides, discours
Images étirées à la
télé
Doryphores, essence
Fanions, la Coupe des Champions
Européens
Voitures transportant des bonbonnes de gaz, portraits
inconnus
Pommes refusées à l’exportation
Journaux, baguettes
Huile
mélangée, oeillets
Accueils à l’aéroport
Jus, ballons
Salami Bucarest,
yaourt diététique
Tsiganes vendant du Kent, oeufs de
Crevedia
Rumeurs
La série du samedi, chicorée à café
La lutte des
peuples pour la paix, chorales
Production à l’hectare
Les comprimés
Gerovital, les gars de l’Avenue de la Victoire
Le festival Chanter la
Roumanie, adidas
Compote bulgare, blagues, poisson
océanique
Tout.
Nous devrions
Nous devrions naître
vieux,
Arriver au monde sages,
Être capables d’y décider de notre
sort,
Savoir quels chemins partent du carrefour primaire
Seul le désir de
marcher est irresponsable.
Ensuite devenir plus jeunes, plus jeunes encore,
en marchant,
Arriver forts et mûrs devant la porte de la création,
La
passer pour entrer adolescents dans l’amour,
Pour être enfants à la naissance
de nos fils.
De toute manière, ils seraient alors plus vieux que nous,
Ils
nous apprendraient à parler, nous berceraient avant de dormir,
Nous
disparaîtrions de plus en plus, devenant aussi petits
Qu’un grain de raisin,
qu’un pois vert,
Qu’un grain de blé…
Pietà
Dors
encore, dors encore ce si lourd
Sommeil de la graine dans la terre,
Pour
qu’au printemps germe le dieu,
Qui par la mort a vaincu la mort.
Dors
encore, rêvant que tu revis en redonnant
À ceux qui sont dans les tombeaux la
vie
Dans la terreur de la joie qui illumine
Les vieux yeux des enfants
d’autrefois.
Et alors que par-dessus l’hiver de l’éternité
Tu te
réveilleras dans le soleil à venir
Relève-toi des bras de Marie
Et
redonne-nous, Jésus, la vie.
· poèmes tirés de l'Anthologie de la poésie roumaine
contemporaine,
choix et traductions par Linda Maria Baros in
Confluences poétiques (140 p.),
Paris, France,
2008
·
voir aussi le
poème tiré du tract ZOOM - ROUMANIE, j'aime la poésie,
projet initié
en 2006 par Linda Maria Baros, Salon du Livre, Paris,
2009
· poème traduit par Linda Maria Baros pour le spectacle Dialogues
et fantaisies
en jazz, Johnny Raducanu et Ion Caramitru, Maison de la
Poesie, Paris, 2007
traduction © Linda Maria Baros
biobibliographie © Linda Maria Baros


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