Mihail Galatanu (né en 1963) a étudié la physique mécanique et a été chercheur à l’Université Polytechnique de Bucarest. En 1994, il a fait des études postuniversitaires (Relations Internationales) à Paris.
Il a été le rédacteur en chef des revues Flacãra, Playboy, Flagrant et rédacteur en chef adjoint des journaux Expres et Evenimentul zilei.
À présent, il est le directeur de la revue bucarestoise Flacãra.
Mihail Gãlãtanu a écrit quatorze recueils de poèmes : Avoir de mes nouvelles (1987), Serrer les poings, gracieusement (1993), Grand-père Kennedy (1996), L’Evangile de Barabbas (1996), La mariée de tout le monde (1997), Poetus Captivus (1998), Le mémorial du plaisir (2000), Une nuit avec la Patrie, Le roumain et ses gros mots (2001), Le diapason ennuyé (2002), Ma tombe se creuse elle-même (2003), L’Apocalypse à travers une bouche d’homme (2004), Le ventre étoilé (2005), Le coeur de diamant (2006). Il est également l’auteur de deux romans, de deux livres de nouvelles et d’un essai. Ses écrits ont remporté maints prix littéraires importants comme le Prix de Poésie de l’Association des Écrivains de Bucarest et le Prix de Prose Liviu Rebreanu.

traduction
Mihail Galatanu
(Roumanie)
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Le sexe livresque (Burlesque)

1.
Si tu n’aimes pas le sexe, tu es un con.
Tu en gardes la trace. Ça tache.
Le sexe, comme le salut, illumine ma vie.
Le sexe est un salut plus petit. Le sexe par amour, je veux dire. C’est
un salut temporaire.
Comme lorsque tu sais qu’il va pleuvoir et que tu prends ton parapluie
en sortant.
Le sexe est un salut plus petit. C’est même le salut le plus petit.
Minuscule. Le plus petit.
Un salut de quartier. Folâtre. Espiègle. Un jeu de l’innocence, parfait.
La dernière goutte d’huile de la chandelle de candeur qui demeure
encore en nous. Fumant comme un mortier. Huile secrète. Huile.

2.
Si tu n’aimes pas l’amour, alors tu es sûrement un con. C’est certain.
C’est un axiome. Et l’amour compte toujours sur une plus grande ou
une plus petite portion de sexe.
Sexe et génuflexions, comme disait un critique. Sexe et génuflexions,
répète le critique. Et cela me fait déjà penser au sexe des bouquins, qui
est tellement livresque.


Le poète se moque de toutes les choses


Le poète se moque de toutes les choses dont personne ne se moque.
Dont personne ne peut se moquer. Notre vie se moque de nous. Le
poète se moque de notre vie. Le poète s’en fiche. Le poète ne doit pas
avoir de style. Le style est un préjugé idiot. Si ses pieds sentent mauvais,
ceci ne suppose-t-il pas, sans aucun doute, qu’il a du style ? S’il sue
comme un boeuf, chaque nuit, et qu’il change de draps, de pyjamas, de
sous-vêtements, ceci ne suppose-t-il pas qu’il a quelque chose de plus
que du style ?


moi je n’ai jamais été moi

moi je n’ai jamais été moi.
moi j’ai été l’autre.
seulement et seulement l’autre.
encore et toujours l’autre.
hé, vous, gens vivants, la peau habillée d’étoffe, qui me regardez, en
réalité ce n’est pas sur moi que vous braquez les yeux, regardez bien, en
réalité c’est l’autre que vous voyez.
c’est pour cela que je me suis toujours tâté. que j’ai pincé ma joue. que
je me suis donné des claques.
braves gens, ne vous laissez pas abuser.
moi je n’ai pas été moi.
moi j’ai toujours été celui qu’on peut montrer du doigt.


Heure de lévitation

Ma mère était le meilleur des mondes possibles
- et moi je vivais en elle.
- Dehors il ne peut y avoir que le monde du dehors.
- À l’extérieur il ne peut y avoir que le monde extérieur,
- le monde le plus méchant qui soit.
*
Lorsque je mourrai, je rentrerai de nouveau
dans le ventre de ma mère. Dans le tumulus. Et ma mère m’agrippera
comme si j’étais une momie. Je serai une momie péruvienne, pelvienne,
langée avec ses larmes et sa bave, avec sa lymphe du commencement
des temps, monstrueuse.
C’est là qu’il y aura un mausolée. Son ventre sera une voiture de grande
vitesse, une culasse. J’serai le monstre du dedans
Qui gueule après ce monde méchant.
Ma mère me langera comme si j’étais un nourrisson
et me bercera
et m’emmènera chez moi.

· poèmes tirés de l'Anthologie de la poésie roumaine contemporaine,
choix et traductions par Linda Maria Baros in Confluences poétiques (140 p.),
Paris, France, 2008


traduction © Linda Maria Baros
biobibliographie © Linda Maria Baros
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