George Bacovia (1881 - 1957), poete roumain.

traduction
George Bacovia
(Roumanie)
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Lacustre

Depuis tant de nuits, j’entends tomber la pluie
J’entends la matiere pleurer…
Je suis seul et une pensée me conduit
Au loin, vers les maisons lacustres.

Il me semble dormir sur des poutres humides,
Une vague me frappe dans le dos -
Dans le sommeil, je sursaute et je crois
Ne pas avoir soulevé le pont.

Un vide historique partout se déploie,
Les temps n’ont pas changé…
Et je sens, sous la pluie, sous son poids,
Les lourds pilotis s’écrouler.

Depuis tant de nuits, j’entends tomber la pluie
Toujours sursautant, toujours attendant…
Je suis seul et une pensée me conduit
Au loin, vers les maisons lacustres.

Nihil

Quel triste amour,
Vouloir
Rester
Avec ceux qui meurent.

Et quel essor
Que de passer
A tout jamais
Dans un tombeau.

C’est inutile
De vivre,
De réfléchir,
Quand tu es la,
Comme si tu n’y étais pas.

Et quel mot…
Mystere,
Dans les cieux
Et sur la terre.

Ailleurs

Maudits soient l’automne
Et la feuille qui tombe sur nous -
Maudites soient aussi la ville
Morose et ses pluies infinies…

Cité - asile de la phtisie -
Les neiges du pôle t’enveloppent…
Cité, le poete se meurt aujourd’hui
Toussant dans tes bras…

Épitaphe

Je suis ici,
Un solitaire,
Au rire amer
Toujours en pleurs.

Il fallait mourir
Avec un tel aspect,
Car a tout le monde
Je semblais suspect.

Solitaire

Déluge, tombent les étoiles de cristal
Et il neige dans la nuit de péchés si pleine ;
Dans l’âtre, les flammes palpitent a peine -
Aujourd’hui, est mort meme mon reve final.

Et il neige au cour de ce minuit glacial…
Et toi, âme solitaire, toujours tremblante, -
Dans l’âtre, dans les braises, les flammes déclinantes, -
Doucement, tombent des larmes roses, de cristal.

Plomb

Les cercueils de plomb d’un lourd sommeil dormaient,
Les fleurs de plomb et le vetement funebre -
J’étais seul dans le caveau… et le vent soufflait…
Et les couronnes de plomb grinçaient.

Mon amour de plomb dormait le dos tourné
Sur les fleurs de plomb… et je me suis mis a l’appeler -
J’étais seul pres du mort… et il faisait si froid…
Et ses ailes de plomb pendaient.


· Les Recrues de la damnation, Linda Maria Baros, études critiques (164 p.),
Editura Muzeul Literaturii Române, 2005, Roumanie


traduction © Linda Maria Baros
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