Peter Sragher, né en 1960 à Bucarest, est poète, traducteur, essayiste de langue roumaine et de langue allemande, de même que journaliste et photographe.
Il a publié trois recueils de poèmes : pourquoi as-tu fait de moi le baiser de la haine ? (1995), faisons un enfant (2003) et pourquoi m’as-tu fait mon dieu/por que me hiciste dios (2005). Ses écrits ont été traduits en français, anglais, espagnol, arabe et bulgare. Il est également l’auteur et le traducteur de plusieurs anthologies bilingues de poésie autrichienne contemporaine.
Peter Sragher est membre de l’Union des Écrivains de Roumanie et de Grazer Autorenversammlung (Autriche).

traduction
Peter Sragher
(Roumanie)
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quelle merveille l’homme

mon dieu
il tient debout
et ne se brise pas
en os
en peaux
en mots
quelle merveille
mon dieu
qu’il ne reste à sa place
qu’un vide
que la mémoire
que l’oubli
comme il tient
mon dieu
debout
et foule l’espace
et arrache au temps quelques morceaux
il accroche ses bras au corps
la poitrine aux côtes
et comme le mot coule sur ses lèvres
et
mon dieu
comme elles tiennent ensemble
toutes ces choses


mes mots ont vieilli

sur mes lèvres
mon dieu
je ne connais plus leur
sens
mon dieu
j’attends qu’ils me tombent
dans les mains
les mots autrefois
éparpillés en l’air
qu’ils me demandent
pourquoi on est arrivé à
les oublier
je ne pourrai
les délier
alors qu’ils flottent
et ils erreront
toujours
dans l’obscurité
en pulvérisant le rien
avec leur corps

mon temps a vieilli

sur mes lèvres
mon dieu
jusqu’à ce qu’il ait touché
le coucher du soleil avec la
couleur du crépuscule
pour apprendre ce qu’est
la beauté
mon dieu
on ne peut plus lire
le baiser
sur mes lèvres
ma pensée n’arc-boute
plus les espaces
jusqu’à la
sphère
mes pas ne mesurent plus
l’écoulement de la nuit vers
l’amour
lorsque la fin s’habille
de lumière

je n’ai pas de bras

pour t’embrasser
mon dieu
mes yeux ne
fleurissent pas
même lorsque vient le printemps
ma caresse ne bruit pas
telle une feuille
ma voix
ne s’est pas encore changée en couleur
la nuit brille
telle la pluie
sur ton corps
mon dieu
tu es une étoile filante
les profondeurs de la terre
s’ouvriront
pour faire honneur
à ta beauté
mon dieu
un jour
j’attraperai l’oiseau
au vol
et je trancherai le temps
avec les ailes
le ciel déchirera ton
parfum
vert
je n’ai pas de bras
mais je t’embrasserai
avec mes larmes

· choix, traduction et biobibliographie par Linda Maria Baros

traduction et biobibliographie © Linda Maria Baros
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